Urgence pour Owen. [libre]

Une ambulance traversait les rues de NewYork toutes sirènes hurlantes. La pluie qui avait battue le pavé pendant une bonne partie de la soirée commençait à diminuer et mis à part le véhicule aux lumières tournantes presque rien ne bougeait dans la ville. Le véhicule se gara au niveau des urgences de l'hôpital et deux infirmiers sortirent un brancard avec un vieil homme alongé dessus. Ils poussèrent le chariot à l'intérieur tandis que l'un d'eux remplissait une feuille d'admission.

"Homme de race blanche, 65 ans, très certainement SDF. A été trouvé par la police, innanimé au milieu de la chaussée sous la pluie suite à un braquage. Légère hypotermie, poul faible et respiration régulière, aucune blessure apparente. Inconscient depuis qu'il a été trouvé."

Owen fut conduit dans une chambre où il fut débarassé de ses vêtements mouillés et il fut mis sous perfusion. Un médecin l'examina et il fut ensuite placé en observation.

Quelques heures plus tard, un homme entra dans la chambre d'Owen. Grand, blond, il portait un costume noir et une chemise blanche ornée d'une cravate rouge sombre; Un grand pardessus beige était coincé sous son bras.

Il parla d'un ton formel, mais relativement amical:

"Détective Danny Granville, de la Division Surhumains de la police de New-York. Les médecins m'ont autorisé à vous posez quelques questions, Monsieur...?"

Owen était encore un peu groggy par son récent malaise. Il mit un certain temps avant de réagir à la présence du détective. Il dut reposer à nouveau sa question avant que le vieil homme tourne enfin la tête vers lui.
Il ouvrit péniblement les yeux et parla d'une voix enrouée et faible.

"Où suis-je ? que s'est-il passé ?"

Le détective insista pour que le vieil homme lui donne son nom, et Owen répondit sans réfléchir.

"Owen, je m'appelle Owen Reece. Vous parliez d'une division surhumains ? De quoi voulez vous parler ?"

Owen semblait aller un peu mieux, mais il restait assez faible. Un tuyau relié à ses narines lui apportait de l'oxygène, et une perfusion à son bras gauche était reliée à deux poches de produits qui s'écoulaient goute à goute.

Le détective eut un léger sourire. Il soupira discrètement et parla.

"La Division Surhumains est en charge des affaires où la présence d'individus possédants des aptitudes méta-humaines a été constatée...", il marqua une courte pause et se dit en lui-même:*C'est surtout là où on envoie les grandes gueules comme moi...!*

Danny s'adressa de nouveau à Owen.

"L'équipe du Sergent Garcia, qui vous a trouvé inconscient vous ainsi qu'un jeune homme afro-américain présentant de multiples blessures; a signalé que deux autres hommes étaient présents sur les lieux... et qu'ils leur avaient échappé de manière... particulière... Peut-être pouvez-vous détailler la situation? Avez-vous vu ces personnes? Que vous est-il arrivé?"

Le détective Granville constata l'état de faiblesse d'Owen Reece.

"Désolé de vous ennuyer, mais je ne peux voir que vous. Le jeune homme dont je vous parlais est encore en soins intensifs..."

Owen avait tout d'abord tiqué en entendant la fonction de la personne en face de lui. Puis il sembla se détendre lorsqu'il comprit qu'il ne semblait pas le soupçonner d'être un super humain. Il écouta le détective tandis qu'il lui posait les questions qui le taraudaient puis réfléchit un instant avant de répondre.

"Détective Grandville. je ne me souviens pas de grand chose, mais je vais vous raconter ce qui me revient. Je m'étais abrité de la pluie sous une corniche proche de la bijouterie quant j'ai entendu du bruit à l'intérieur. Lorsque je me suis approché, j'ai vu deux hommes. L'un portait un masque de Spiderman et dévalisait la bijouterie tandis que l'autre semblait vouloir l'en empêcher. L'autre gars, portait une sorte de masque à gaz et une long manteau. Ils étaient tous les deux armés d'armes à feu. Mais alors que le cambrioleur au masque de Spiderman essayait de s'enfuir, des centaines de rats sont sortis des égouts, poussés par une sorte de rat géant, mi homme mi rat. Ils s'est battu avec les deux hommes, mais je suis ensuite tombé inconscient et je ne connais pas la suite..."

Tout en écoutant les paroles du vieil homme, Granville posa son pardessus sur une chaise et, la main droite dans la poche se servit un verre d'eau de l'autre.

Il porta le récipient à sa bouche et but d'une traite.

"Dingue d'avoir aussi soif avec une pluie pareil..."

Après avoir reposé le verre, Danny se retourna face à Owen, cette fois-ci les deux mains en poches.

"Humm... ces deux hommes masqués doivent être ceux que mes collègues ont vu s'enfuir... ils ne m'ont pas parlé de "rat géant", par contre de nombreux rats morts ont effectivement été signalé. Savez-vous pourquoi? Vous dites qu'ils se sont battus: qu'avez-vous vu exactement? pouvez-vous me décrire leurs pouvoirs, s'ils en avaient? Leurs armes? De quels types étaient-elles?

Le détective stoppa son débit de paroles quelques instants, afin que Reece puisse bien s'imprégner des questions; aussi en profita t-il pour observer ses réactions: allait-il dire la vérité...? mentir...?

"Pourquoi vous êtes-vous évanoui? Vous avez prit un coup? Avez-vous vu le jeune homme trouvé également sur les lieux? Le connaissez-vous?"

Un nouveau coup de tonnerre retentit à l'extérieur. L'instant suivant, un puissant éclair zébrait le ciel, illuminant un bref instant la chambre d'hôpital.

Owen trouvait ce détective assez compétent, trop même. Owen allait devoir réfléchir à ses réponses pour ne pas se mettre en défaut. De toute façon il n'avait rien à se reprocher et il n'avait aucune raison de paniquer. Son état justifiait parfaitement qu'il prenne son temps pour répondre et cela convenait parfaitement.
Le détective le bombarda à nouveau de question et Owen y répondit.

"C'est un peu flou, détective Granville, le type au masque à gaz et le cambrioleur déguisé en Spiderman avaient tous les deux des pistolets. Je ne sais pas de quel type, je n'y connais rien en armes à feu. Par contre l'arme du gars au masque à gaz avait l'air beaucoup plus complexe et chère."

Owen marqua une courte pause pour reprendre son souffle et il reprit.

" Pour les rats, je crois que le type au masque à gaz leur à envoyé une sorte de grenade lacrymogène ou quelque chose dans le genre. Ils ont commencé à tomber et l'autre rat géant à ensuite attaqué. On aurait dit qu'il contrôlait les autres rats."

Owen se pris la tête dans la main droite pour se masser les tempes comme s'il réfléchissait.

"Le rat a d'abord attaqué le type au masque de Spiderman. C'était très confus, je n'ai pas vu grand chose. Mais ensuite le rat géant à été écarté et l'homme au masque à gaz lui a tiré dessus. je ne me souviens de rien d'autre."

Owen écouta la dernière question et parut réfléchir avant d'y répondre.

"Détective Granville. Je ne suis pas médecin, j'ignore pourquoi je suis tombé inconscient. Mais la pluie, le froid, la peur et toute cette agitation ont sans doute été trop éprouvants pour moi. En plus je n'avais rien mangé depuis la veille au matin. Je suis juste rassuré qu'après, ce rat géant n'ai pas pu venir me bouffer pendant que j'étais dans les pommes."

Owen ne comprenait pas vraiment la dernière question du détective, mais il essaya d'y répondre le plus clairement possible.

"Vous avez parlé d'un jeune homme de couleur ? Non, je ne me souviens pas de l'avoir vu sur les lieux avant de m'évanouir. Je ne sais pas ce qu'il faisait ici."

Owen commençait réellement à fatiguer. Ces questions l'avaient éprouvé plus qu'il ne l'aurait pensé. Il tendit sa main droite vers le verre posé sur la table de nuit, mais sa main tremblante ne parvint pas à le saisir ...

Granville remarqua que la fatigue de Reece reprenait le dessus.

"Excusez-moi... je me doute que la soirée a été éprouvante; et moi qui ait tendance à parler aussi vite que je pense...", Danny vit le vieil tenter d'atteindre le verre d'eau, "Permettez..?"

Le policier tendit le verre à Owen. Il avait enregistré les réponses de Reece et n'en était que moyennement satisfait: l'homme semblait honnête et de bonne volonté, néanmoins ses réponses restaient vagues... Etonnant pour un témoin aux premières loges! A moins qu'il ne se soit évanoui sous le coup des émotions...?

Dans sa tête, Danny fit une rapide synthèse de ce qu'il aurait à faire dans les premiers temps.

*Des armes à feu sophistiquées... des armes de guerre? Il faut que je me renseigne si des méta-humains utilisant ce genre d'équipements ont été aperçus en ville. Grenade à gaz... elle n'a pas été signalée: probablement cachée sous une poubelle, il faut qu'on la retrouve. Autopsier quelques rats pour déterminer quel est le gaz utilisé... et enfin lancer un appel à témoin pour toute apparition de Spider-Man (c'est marrant... je pensais qu'il avait quitté le circuit celui là!) ou de quelqu'un lui ressemblant.*

Danny Granville décida que ce que disait Owen sur le jeune homme blessé était vrai; même si quelque chose le gênait, comme si il manquait quelque chose aux réponses d'Owen... sans qu'il puisse deviner ce dont il s'agissait.

"Monsieur Reece, je ne vais pas abuser de votre état plus longtemps. Sachez que votre aide sera très précieuse à mon enquête. Je vous en remercie!"

Le détective tendit une main franche au vieil homme alité.

Owen Parut soulagé que le détective n'insiste pas plus sur cette histoire. Même s'il ne lui avait pas vraiment menti, il ne lui avait pas dit toute la vérité, surtout pour cette histoire de grenade. De toute façon ils ne retrouveraient pas cette grenade, mais ils ne trouveraient pas non plus de gaz puisque les rats avaient étés asphyxiés quant Owen avait supprimé tout l'oxygène dans l'air ambiant.
Lorsque le détective tendit la main vers Owen, celui ci essaya de la lui serrer, mais sa fatigue non feinte eut raison de lui et son bras ne se leva que de quelques centimètres. La poignée de main du vieil homme alité était plus que faible, il n'arrivait même pas à serrer les doigts.

"Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider plus détective Granville, mais si vous avez d'autres questions j'essayerai d'y répondre quant je serai un peu plus reposé. j'espère que je pourrai sortir d'ici bientôt, je n'aime pas trop les hôpitaux."

Owen laissa retomber sa main dessus le lit lorsque le détective la lâcha. Il ferma ensuite les yeux en espérant que le détective le laisserai tranquile.

Danny Granville entreprit de quitter la chambre.

Sa main était déjà posée sur la poignée de la porte quand quelque chose tiqua dans son esprit.

Tout en se retournant pour faire de nouveau face à Owen, il dit:

"Dites, votre nom me dit quelque chose... Vous avez déjà été mêlé à une affaire impliquant des superhu...?"

La vision du vieil homme apparemment endormi coupa court la question du détective. Celui-ci sourit.

*On verra ça plus tard.*

Granville quitta la pièce.

Owen avait entendu la dernière question du détective mais il n'ouvrit pas les yeux, trop content que Granville s'en aille. Il attendit que les pas du détective disparaissent, mais il n'ouvrit pas les yeux pour autant. Owen avait eu de la chance. Si cet homme travaillait effectivement pour une agence qui s'occupe exclusivement d'affaires ayant un rapport avec des mutants ou des supers humains, il était plus que probable qu'il reconnaisse le nom d'Owen Reece. Cela lui prendrait quelques temps vu qu'Owen n'avait pas fait parlé de lui depuis plus de trente ans, mais il ferait le rapprochement tôt ou tard. Il ne fallait pas qu'Owen reste trop longtemps ici. Dès demain si son état le permettait il quitterai cet hôpital et retournerait dans la rue. Au moins là bas il serait chez lui...

Tandis qu'Owen réfléchissait les yeux fermés, le sommeil s'empara de lui et il s'endormit vraiment...

Quelques étages plus bas, Danny Granville discutait avec le chirurgien chargé de soigner le jeune homme trouvé blessé et inconscient. Le médecin l'informa que son patient serait encore évanoui pendant quelques heures.

Granville décida donc de revenir le lendemain matin et quitta les lieux.

Trois heures plus tard, Edward Whelan alias Vermine commença à s'agiter dans son sommeil; il finit par ouvrir les yeux... mais ceux-ci n'avait rien d'humain...

La métamorphose s'effectua. Le corps d'Edward se couvrit de poils durs, ses muscles saillirent, ses doigts cédèrent leur place à des griffes acérées et ses canines s'allongèrent.

Vermine était de retour! Il sauta du lit et huma l'air, paniqué par cet environnement inconnu, les différentes odeurs mêlées de désinfectant et de corps malades l'assaillirent. La créature arracha sa chemise de nuit qui le gênait.

Il quitta nu la chambre où il se trouvait; il était encore très faible et ses blessures le faisaient souffrir: il fallait qu'il quitte cet endroit au plus vite!

Vermine progressait dans les couloirs déserts quand une odeur familière lui chatouilla les narines... il gronda. Il avait sentit cette odeur dans la rue où ces hommes cruels l'avaient blessé.

Un filet de bave coula de ses babines et il entreprit de suivre la piste olfactive. Bien qu'affaiblit, il fallait qu'il se venge... peut être un reste fragile de sa conscience humaine...

Owen dormait, inconscient de la créature qui suivait son odeur à travers les couloirs de la clinique. Les épreuves de la soirée avaient été de trop pour le vieil homme. Heureusement son malaise avait été seulement du à la fatigue et au manque de nourriture. Après une nuit à l'hôpital tout irait bien mieux. La seule inquiétude qui demeurait était la visite de ce détective. Owen devra surement quitter au plus vite cet endroit afin de retourner dans l'anonymat de la rue.
Pourtant le détective ne devrait pas être le souci principal d'Owen tandis que Vermine s'approchait de sa chambre.
Le vieil homme dormait toujours à point fermé.

Suivant l'odeur familière, Vermine parvint devant la porte d'une chambre. La créature se glissa à l'intérieur.

Un vieil homme se trouvait couché sur le lit, il dormait. La colère envahit Vermine, lui redonnant quelques forces. Ce vieil homme était bien celui qui se trouvait dans la rue, plus tôt dans la soirée... et Vermine savait qu'il était aussi le responsable de la mort de ses rats.

Aussi silencieusement que possible, la bête s'approcha, se hissa sans effort sur la tête de lit et se trouva ainsi juste au dessus de la tête d'Owen endormi.

Vermine allait mordre quand une infirmière entra dans la pièce, probablement pour une visite de contrôle.

"HHHHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII...!!!!"

Owen dormait d'un sommeil agité. Une sorte de cauchemar où un rat énorme le poursuivait dans les rues désertes de New-York. C'est alors que dans son rêve le cri d'une femme le fit sursauter. Une odeur atroce de charogne et de bête envahit ses narines. Le choc fut si violent qu'il se réveilla en sursaut.
Owen ouvrit les yeux quelques secondes après qu'une infirmière eut poussé un horrible cri en voyant l'affreuse créature qui se trouvait penchée au dessus de son lit. La vision qu'eut Owen fut alors cauchemardesque. Vermine se trouvait presque au dessus de lui, à quelques centimètres. Le rat géant avait tourné son horrible tête en direction de la femme qui avait interrompu son diner, et son seul regard rouge sang suffit à la faire s'évanouir.
Le choc passé, Owen fut pris lui aussi d'une peur panique. Si l'infirmière n'avait pas hurlé suffisamment fort pour le réveiller, le rat géant serait e n train de festoyer avec sa gorge. Aussi ce fut son instinct de survie qui prit le dessus.
Owen ne réfléchit pas, s'il avait eu le temps ou la maitrise nécessaire, il aurait surement agit plus discrètement. Mais dans la panique son pouvoir afflua, plus fortement et plus violemment qu'il ne l'aurait voulu. Ses yeux s'éclairèrent d'une lueur violette tandis que son pouvoir se déchainait. Instinctivement il anima le drap qui le recouvrait et en entoura la créature à moitié sur lui. Cette simple animation des molécules de coton qui composaient le drap ne justifiait pas tout cet afflux de pouvoir, du moins pour l'instant. Le drap s'enroula autour de Vermine et se serra aussi fermement que possible faisant tomber la créature au sol.
La surprise passée, la créature déchirerai le drap aussi facilement que de la toile d'araignée. Aussi Owen transmuta le coton du drap en acier. Vermine se retrouva saucissonné dans une gangue de métal tellement serrée qu'il avait du mal à respirer.
Sous l'effort, les appareils de surveillance reliés à Owen se mirent à sonner. Son rythme cardiaque venait de dépasser les 130 et l'alarme matériel venait de se déclencher. des étoiles brillaient dans les yeux du vieil homme tant l'effort pour rester éveillé était difficile.
A taton, Owen chercha l'interrupteur d'appel, et lorsqu'il le trouva il appuya dessus comme un forcené pour faire venir quelqu'un.
Sa vision se brouillait et il avait du mal à respirer malgré l'oxygène dans son nez. Il ne fallait surtout pas qu'il s'évanouisse avant que quelqu'un n'arrive et ne fasse fuir cette créature. D'autant que celle ci semblait se démener comme un diable pour se sortir du drap d'acier dans lequel Owen l'avait emprisonnée...

Vermine se retrouvait de nouveau prisonnier, impuissant... Son esprit animal ne comprenait pas vraiment comment cette gangue de métal qui le retenait était apparut, mais il sentait que le vieil homme y était pour quelques choses.

La bête se contorsionnait pour échapper à sa prison, mais ses blessures récentes le faisaient horriblement souffrir... Vermine poussa alors un long hurlement plaintif emplis de désespoir.

Ce son sur-aiguë figea net l'autre infirmière et les deux aides-soignants qui arrivaient à ce moment, alertés par les cris de leur collègue et les alarmes.

L'un des deux hommes parvint tant bien que mal à se reprendre:

"Oh mon Dieu...! Vite!", ordonna-t-il à son collègue,"Alerte la sécurité... la police... le SHIELD! Qui tu veux, mais grouilles-toi!"

L'aide-soignant ne se fit pas prié, et détalla rapidement.

Celui qui avait décidé de prendre les choses en main intima à l'infirmière, toujours tétanisée, de rester à sa place tandis que lui s'approchait prudemment de son patient qui était visiblement prit d'étourdissement.

"Restez calme Monsieur, je vais vous aider à quitter la chambre."

L'infirmier contourna prudemment Vermine qui se débattait au sol et il aida Owen à se lever de son lit. Il prit le fauteuil roulant qui se trouvait dans un coin de la chambre, le déplia et aida le vieil homme à y prendre place. Puis il installa un pied à perfusions sur le fauteuil et y accrocha les deux poches de produits divers encore reliés aux veines d'Owen. Enfin il poussa le fauteuil afin de quitter la chambre au plus vite.
Ils passèrent le plus rapidement possible près du rat géant entravé afin qu'il ne puisse pas les intercepter. Pour l'instant Vermine semblait plus occupé à essayer de se libérer qu'autre chose. Owen était trop faible pour faire quoi que ce soit d'autre pour le moment. De toute façon il ne voulait pas tuer la créature. Il se contenta de rester assis et de respirer lentement par le nez afin de calmer les battements de son cœur. L'utilisation de son pouvoir à ce niveau l'avait épuisé encore plus qu'a son arrivée et s'il n'était pas tombé inconscient c'était uniquement grâce aux soins et à la nourriture qu'il avait eu ici.
Pourtant quelque chose travaillait Owen. Si le SHIELD arrivait ici et découvrait Vermine entravé ainsi, ils ne leur faudrait pas beaucoup de temps pour comprendre qui était responsable. Pourtant Owen ne pouvait pas défaire maintenant ce qu'il avait fait. Premièrement cela lui couterait beaucoup trop d'énergie et il risquait de tomber dans le coma, deuxièmement s'il libérait Vermine maintenant dieu seul savait ce qu'il pourait faire.
Une seule solution, attendre et espérer trouver une solution...

La camisole de métal était solide, beaucoup trop pour que Vermine puisse espérer s'en dépêtrer. La créature n'employait pas moins toutes ses forces et toutes ses ressources pour s'échapper, tel un loup se dévorant la patte pour se tirer des mâchoires d'un piège.

Cependant, les blessures récentes de Vermine s'étaient rouvertes et le sang coulait... réduisant considérablement les forces et la volonté de l'être mi-rat mi-homme. Bientôt, pour la seconde fois dans la nuit, la transformation inverse s'opéra; et Vermine céda sa place au fragile Edward Whelan, inconscient.

"Mais qu'est-ce que c'est ce bordel...?", s'exclama l'aide-soignant qui avait reconnu l'autre patient arrivé dans la soirée.

Owen assista incrédule à la transformation de la créature. Il comprit presque immédiatement ce qui venait de se passer ainsi que certaines des questions du détective. Malheureusement il ne pouvait pas laisser les choses en l'état ou sinon trop de personnes se poseraient des questions. Si Owen tentait d'inverser son processus de transmutation il risquait fort de sombrer dans le coma avant d'avoir réussi. Il lui fallait faire autrement.
Owen se concentra et utilisa l'oxygène ambiant pour le mêler aux molécules d'acier du drap qui entourait Vermine, transformant celui-ci en oxyde ferreux, c'est a dire en rouille. Instantanément la totalité du drap d'acier tomba en une poussière rougeâtre sur le sol libérant le jeune homme blessé.
Bien que la dépense d'énergie pour ce type de transmutation soit moindre, Owen vit danser quelques étoiles et il tomba inconscient. L'aide soignant appela à l'aide des infirmiers afin qu'ils s'occupent des deux hommes.
Owen espérait secrètement que le ménage serait vite fait afin que toute trace de ce qu'il avait accompli disparaisse aussi vite que possible...

Plusieurs minutes avaient passé et Whelan était toujours inconscient au milieu de l'ancienne chambre d'Owen, transporté d'urgence dans une autre salle de soin suite à son nouvel évanouissement.

Une unité d'intervention de la Division Surhumains de la police de New-York, mené par Danny Granville, serait sur les lieux d'ici peu ainsi qu'un détachement de Gardes de la Voute.

Granville était perplexe: un vieil homme victime d'un affrontement entre méta-humains, qui se révélait être en réalité Owen Reece, anciennement l'Homme Molécule récemment sorti de prison (le détective avait eut le temps d'identifier le vieil homme); et voilà que justement un "monstre" attaquait l'hôpital.

L'infirmier qui les avait alerté avait semblé totalement paniqué au téléphone et n'avait pas été très clair; Granville espérait qu'il n'y aurait pas trop de dégâts (peut être qu'un super-gus leur aurait mâché le travail?) et se demandait si c'était lié à la présence de Reece.

*J'espère en tout cas que ce vieux bonhomme sera encore là qu'en on arrivera... et qu'il répondra à mes questions.*

Owen fut emmené dans une autre chambre le temps que les choses se décantent et que les employés de l'hôpital mette de l'ordre dans tout ce bazar. L'évanouissement d'Owen ne dura que quelques secondes et il fut bien vite installé dans une autre chambre. Le vieil homme ne doutait pas que cette soit disant division des méta-humains revienne lui chercher des noises, aussi réfléchit-il à la meilleure stratégie à adopter.
Fuir ne servirait pas à grand chose. De toute façon il était encore trop faible pour quitter seul l'hôpital et cela ne servirait qu'a prouver qu'il avait quelque chose à se reprocher. De plus, Owen ne voulait pas passer le reste de sa vie à fuir et à se cacher. Pourtant c'était tentant, qui mieux qu'un S.D.F. pouvait se fondre dans la masse mouvante de cette cité ?
Mais La question ne se posait pas Owen devrait affronter une fois de plus les questions de ces agents. Il devait leur donner quelque chose, un os à ronger pour qu'ils le laissent tranquille. Mais lequel ?
Tout d'un coup ce fut le flash. Le Rat géant ! Par deux fois il avait attaque Owen, et par deux fois il avait disparu alors qu'il était à l'agonie. Et les deux fois on avait retrouvé un jeune homme noir étendu sur les lieux. Le Détective lui avait posé des questions sur lui, mais Owen ne l'avait jamais vu en fait. Mais c'était évident, l'homme rat et le jeune homme ne faisaient qu'un. Il avait été placé en soins intensifs, mais dès qu'il irait mieux, il risquait de se métamorphoser encore et d'attaquer des innocents.
Owen venait de comprendre quelque chose d'important. Et cela intéresserai surement ces gus de la division surhumains. Il allait devoir jouer franc jeu tout en gardant pour lui ce qui pouvait lui nuire. Plus que tout, Owen ne voulait pas retrourner à la Voute....

Une fois sur place? Granville fut surpris qu'on lui désigne le jeune homme inconscient, qu'il avait déjà voulu interroger la veille au soir, comme étant le fameux "monstre à moitié rat".

Cependant, cette surprise ne dura que quelques secondes.

"Très bien. On a sûrement affaire à un genre de Hulk... Sous forme humaine il doit être inoffensif; mais passez lui tout de même un collier inhibiteur. Puis, deux d'entre vous accompagneront les Gardes jusqu'à à la Voute.", ordonna-t-il à ses hommes.

Une fois chaque membre de son équipe occupé, il se rendit dans la chambre où se trouvait Reece. Il était presque surprit que celui-ci n'ait pas décampé; le vieil homme avait au contraire une attitude très digne et sûr de lui.

"Bonjour, Monsieur Reece.", entama Danny d'une voix claire," On dirait que vous attirez les ennuis. Avez-vous des explications à me fournir sur ce qui s'est passé cette nuit dans cet hôpital? Peut être un... ancien ennemi"?, finit-il par lâcher avec une pointe d'ironie pleine de sous entendus.

Lorsque le détective Granville revint à son chevet, Owen avait quelque peu récupéré de l'attaque de Vermine. Mais il était encore très faible, surtout à cause de l'utilisation de son pouvoir. Le détective lui avait posé une question à l'air innocente, mais son ton semblait indiquer qu'il en savait plus que lors de leur dernière rencontre.

"Monsieur Granville, je crois que j'ai enfin compris pourquoi vous avez découvert le corps de ce jeune homme dans la rue la nuit dernière. Il semblerai que le rat et lui ne soient qu'une seule et même personne. Il a essayé de m'attaquer ici pendant que je dormais, mais un infirmier est intervenu et m'a sauvé. Cette bestiole était encore trop faible pour rester bien longtemps sous cette forme et il s'est à nouveau transformé. Quant àaux raisons qui l'ont poussée à m'attaquer, elle a du me reconnaitre, et la dernière fois qu'elle m'a vu, elle a reçu un coup de révolver dans le buffet. Même si ce n'était pas moi qui lui ait tiré dessus elle a sans doute voulu se venger. Après tout c'est un gros rat, mais un rat quant même, il ne doit pas être très futé. Quant à des ennemis, j'en ai eu pas mal dans ma jeunesse, mais maintenant soit ils sont morts, soit ils sont aussi vieux que moi et ont d'autres chats à fouetter maintenant. J'espère avoir répondu à vos questions..."

Le détective écouta en silence ce que lui racontait Owen. L'homme avait l'air de bonne foi, il oubliait peut être juste quelques détails...

"Concernant votre agresseur, vous confirmez mes propres conclusions.", il laissa quelques secondes s'écouler avant de poursuivre,"Monsieur Reece, je me suis renseigné sur vous et votre passé. Vous disposiez d'un pouvoir de très haut niveau qui est sensé avoir disparu, hors le fait que mes hommes aient trouvé de la poudre d'oxyde de fer à côté de votre agresseur ainsi que les témoignages du personnel soignant, semblent indiquer que vos dons sont toujours présents. Néanmoins avec des capacités comme celles-ci, on ne peut être sûr de rien..."

Granville permit à Owen de bien assimiler ce qu'il venait de dire et reprit:

"Vous êtes actuellement en liberté surveillée; et je dois bien admettre que vous... n'avez rien fait qui puisse compromettre cette liberté. Même si vous avez encore accès à vos pouvoirs, vous semblez n'avoir fait que vous défendre et le fait que vous n'ayez pas tenté de fuir avant notre arrivée aide à prouver votre bonne foi. Pour finir, je n'ai pas de raisons de vous retenir pour quoi que ce soit; mais sachez que la Division Surhumains sait que l'Homme Molécule est en ville. Continuez sur cette ligne et tout se passera bien, et je vous recommande chaudement de ne pas manquer vos évaluations psychologiques à la Voute."

Sur un signe de Granville, un autre policier entra dans la chambre.

"Mon collègue va finir de prendre votre déposition. Ensuite, vous serez libre de partir dès que vous serez remis. Au revoir Monsieur Reece."

Danny sortit de la chambre. Il avait voulu faire en sorte que Reece sache que même si il conservait sa liberté, il n'aurait pas droit à l'erreur. Le détective n'était pas vraiment à l'aise de savoir qu'un tel calibre arpentait les rues... il aurait très bien pu trouver une raison quelconque pour retenir Owen, mais il avait choisit de faire confiance au vieux bonhomme. Espérons qu'il ne le regretterait pas.

Owen fut soulagé et en même temps inquiet des conclusions du détective. Il avait comprit qu'il disposait encore de ses pouvoirs, mais il conservait sa liberté.... Surveillé, mais libre. tel était le prix à payer.....
Néanmoins il ignorait encore beaucoup de choses. Même si le pouvoir d'Owen ne l'avait jamais vraiment quitté, l'âge avait fortement affaiblit le vieil homme et restreint son utilisation. Tant qu'Owen n'entrainerait pas à nouveau son don et tant qu'il ne recouvrirait pas une santé correcte, il ne pourrait utiliser son pouvoir à sa pleine puissance..... Et même comme cela il n'atteindrait jamais son niveau d'antan....

*Puisse mes dernières années se passer dans le calme et la paix....*

Sur cette dernière pensée Owen s'endormit.....

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